Un matin nouveau
Encore un matin qui se lève
Comme tous les matins, me manque la sève
Qui me fera oublier la grisaille
Du reflet que me renvoi la glace cisaille
Matin nouveau, sur jour morose
La pluie, le soleil, le vent, ma dose
De cauchemars ubuesques et déments
Sur ma vision du monde des vivants
Encore un matin où je ne franchirais
La frontière qui va de la vie à cette noire forêt
Là où mes pas me conduisent inexorablement
Là où j’erre sans but et le corps chancelant
Matin nouveau, où je ne fais que ramper
A terre où les fleurs cannibales et épines acérées
Me griffent l’âme et le cœur à demi décousu
Battant si peu au rythme de ma déconvenue
Encore un matin où l’on joue avec sa vie
Roulette russe, heureux, malheureux, épanoui ?
Renfermé, ulcéré, vomitifs salamalecs
Pour faire semblant, pour vous, d’être avec.
Matin nouveau au goût de trop peu
Manque d’évidences pour mettre le feu
Au fond de mon être décharné de vie
Qui contemple la monotonie en furie
Encore un matin comme un pied de nez
Dans les méandres d’une journée morte née
A attendre que tombe mon soir
Pour m’enfermer dans mon cauchemar si noir
Matin nouveau, matin sombre, matin
Passe vite, pour que je prenne ce train
Qui sur les rails de l’enfer
M’emportera pour me défaire.
@Jean Fred